Il y a bientôt cent jours, François Hollande remportait l'élection présidentielle. Personnellement, j'attendais cet évènement depuis de longs mois. Je fais partie des nombreux citoyens qui, sans donner un blanc seing à la gauche, sans considérer que le programme proposé était la clef pour redresser le pays, ont contribué à défendre ses couleurs et à se battre pour sa victoire.

 

Il est sain dans une démocratie que ce ne soit pas toujours le même parti au pouvoir qui remporte l'élection, particulièrement lorsque celui-ci accumule, depuis plusieurs années, un bilan exécrable.

 

Malgré cela, je doute que la configuration politique actuelle ne nous permette d'apporter les solutions adéquates.

 

Le politique a renoncé au courage à mesure que ses pouvoirs se sont restreints, à mesure que les transferts de compétences vers l'Europe ont été adoptés sans cohérence, sans vision, à mesure que l'internationalisation des échanges a rendu le pouvoir économique insaisissable. Les pays européens se sont privés de tous les leviers, tous les outils de régulations, monétaires, douaniers, économiques. L'Europe vit une expérience bureaucratique proche de l'Union soviétique. Chacun se bat pour faire survivre une hydre sans tête, un système qui ne fonctionne pas. Les européens pourront se bercer d'illusions en adoptant ou imposant une austérité des dépenses publiques, en mutualisant les emprunts sur les marchés obligataires, en multipliant les sommets, les mini traités, les mécanismes de "stabilité" : de l'énergie et du temps perdus.

 

Le nécessaire n'a pas été fait pour préserver l'espace de prospérité, de respect de l'Etat de droit et de progrès que constitue l'Europe depuis plus de 50 ans. Chaque journal télévisé nous réserve son lot de licenciements, de restructurations d'entreprises, de mauvaises nouvelles économiques.

 

Nicolas Sarkozy, alors Président, faisait cette lecture de la crise que vit la France et l'Europe

 

 

De même, Nicolas Sarkozy pensait que la première préoccupation des français était  la viande hallal link

Il est pourtant évident pour chacun que l'emploi et la sécurité matérielle priment parmi nos préoccupations link

 

 

Les Français ont donc justement écarté un Président sortant, à coté de la plaque, affairiste, en plein délire xénophobe, sécuritaire  et austéritaire ( cf. fichages des gens honnêtes link, criminalisation et stigmatisation des organisations syndicales link  alors que dans le Sud de l'Europe, on manifeste contre l'austérité link , propositions délirantes sur le chômage link, etc.)

 

Refuser ces propositions, refuser cette orientation était un choix à part entière. Etre candidat face à Sarkozy, être son antidote, c'était d'abord se présenter comme son antithèse.

 

 

 

François Hollande a réussi son premier pari, tout comme tout ceux qui lui ont fait confiance : guérir la France de la relation pathologique que son prédécesseur entretenait avec sa fonction. 

 

François Hollande Président, la page de la présidence sarkozienne tournée, il lui appartient désormais de jouer sur une autre registre. Le silence de François Hollande, qui fut d'or face à la logorrhée de Nicolas Sarkozy, ne saura emporter l'adhésion des français sur le long terme, qui plus est en période de crise.

 

Bien-sur, par son élection, François Hollande nous aura épargné les dérives de son adversaire dont la violence se seraient ajoutée aux effets de la crise.

 

Bien que je lui adresse mes voeux pour sa présidence, je doute qu'il sera en mesure d'apporter des réponses, et de briser le consensus sans issue qui domine en Europe.

 

A ce jour, les Etats européens se battent pour que les Banques puissent être remboursées, tandis que les économies nationales sombrent. Les Etats européens montrent qu'ils analysent la situation comme étant un problème avant tout budgétaire, et aucune analyse sur la place de l'Europe dans la production et les échanges mondiaux n'émerge des débats publics. Alors que la Chine a adhéré depuis maintenant 10 ans à l'OMC, et que la Russie y adhère cette année, il aura fallu attendre ce délai pour que la question de faire respecter le principe de réciprocité aux exportations au delà des frontières de l'Europe se pose à la Commission européenne (!). Une telle inertie est coupable.

 

Nicolas Sarkozy, en 10 ans de responsabilités politiques, tant au Gouvernement qu'à la Présidence, en était activement complice, par idéologie (pour reprendre la citation de Maurice Allais "Les partisans de cette doctrine, de ce nouvel intégrisme, étaient devenus aussi dogmatiques que les partisans du communisme avant son effondrement définitif avec la chute du Mur de Berlin en 1989. Pour eux, l'application de cette doctrine libre-échangiste mondialiste s'imposait à tous les pays et, si des difficultés se présentaient dans cette application, elles ne pouvaient être que temporaires et transitoires.")

 

Les blocages institutionnels actuels risquent de faire de François Hollande un complice par impuissance, auquel cas, où le politique aurait pu apporter des réponses, c'est la crise qui dénouera les choses.

 

 

La crise n'est pas finie, elle ne fait que commencer.

 

 

 

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